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Grec Le grec
est une des langues indo-européennes, apportée
en Grèce entre le XXVe et le XVIIe siècle av.
J.-C. On traite ici du grec ancien, le grec moderne étant
décrit dans un article séparé.
Les dialectes
À l'origine, il existait une grande variété de
dialectes, regroupés en quatre groupes : arcado-cypriote,
occidental, éolien et ionien-attique.
Parler du grec ancien n'a pas grand sens si l'on veut se
référer à un des idiomes antiques : dans
les faits, cependant, le grec désigne le dialecte d'Athènes.
L'attique (dialecte du groupe ionien-attique), langue de l'Athènes
antique, est la langue dans laquelle est écrite la majorité de
la littérature grecque classique. Sous l'influence d'Alexandre
le Grand, l'utilisation des dialectes a été réfrénée,
de sorte que le monde grec utilisât la koinè,
langue commune (c'est le sens de l'adjectif koinos) issue de
plusieurs dialectes du groupe ionien-attique. Celui-ci lui
permettait de communiquer avec son armée et était
enseigné aux habitants des régions conquises,
devenant ainsi la lingua franca de l'Antiquité, en concurrence
avec le latin. La koinè est ensuite devenue langue officielle
de l'Empire romain d'Orient, avant de continuer d'évoluer
pour donner naissance au grec moderne d'aujourd'hui.
Pour une étude comparative des différents dialectes,
consulter Dialectes grecs.
Écritures
La première forme d'écriture attestée
pour noter un dialecte grec est le linéaire B, un syllabaire
sans rapport avec l'alphabet grec, servant à transcrire
une forme archaïque d'un dialecte arcado-cypriote utilisé en
Grèce continentale et en Crète entre environ
-1550 et -1200. Entre -800 et -200, une écriture proche,
le syllabaire cypriote, a été utilisée à Chypre.
Ce syllabaire pourrait descendre du cypro-minoéen (voir
plus bas).
Il faut noter que des écritures plus anciennes que
le linéaire B et le cypriote ont existé en Grèce,
sans qu'on soit sûr qu'elles ont servi à noter
du grec :
le linéaire A (entre -1800 et -1450, en Crète
et dans des îles égéennes) ;
le crétois
hiéroglyphique (entre -1750 et -1600,
en Crète) ;
le cypro-minoéen (entre -1500 et
-1200, à Chypre),
peut-être dérivé du linéaire A.
C'est ensuite l'alphabet grec, hérité des Phéniciens
et de leur alphabet, qui a été utilisé sous
différentes versions (dites épichoriques) à partir
du IXe siècle av. J.-C. ou du XVIIIe siècle av.
J.-C. puis a été normalisé et imposé au
reste du monde hellénophone par Athènes en -403.
En ajoutant des voyelles à cet abjad sémitique,
les Grecs sont les inventeurs des alphabets occidentaux. En
effet, emprunté par les Étrusques (cf. Alphabet étrusque),
qui l'ont transmis aux Romains, il a donné naissance à l'alphabet
latin, mais aussi, sans passer par les Étrusques, à l'alphabet
gotique, au cyrillique, à l'alphabet copte…
L'histoire de l'alphabet grec constitue un article séparé.
Phonologie
Consulter Prononciation du grec ancien pour un article complet.
Résumé :
Le grec ancien est une langue à accent de hauteur
possédant deux (ou trois, selon les interprétations)
intonations : aiguë et circonflexe (cf. Accentuation du
grec). Il se caractérise aussi par un système
de consonnes aspirées et par un jeu d'oppositions de
quantités vocaliques. Il existe plusieurs règles
de sandhi, tant internes qu'externes.
En passant de l'indo-européen au grec, la langue a
subi de nombreuses modifications phonétiques dont les
plus flagrantes sont décrites par la loi de Grassmann,
la loi d'Osthoff et la loi de Rix. On note d'autre part qu'il
permet de restituer dans de nombreux cas la coloration des
laryngales IE. Enfin, c'est une langue centum.
Morphologie
Le grec, comme d'autres langues indo-européennes anciennes,
est hautement flexionnel. Outre l'utilisation de désinences,
le grec se caractérise par des procédés
hérités de l'indo-européen comme l'alternance
vocalique, l'utilisation du redoublement et de l'augment pour
les verbes.
Système nominal
L'article complet se trouve dans Déclinaisons du grec
ancien.
Par exemple, les noms possèdent cinq cas (nominatif,
vocatif, accusatif, génitif et datif), trois genres
(masculin, féminin et neutre, parfois réduits à un
opposition animé / inanimé) et trois nombres
(singulier, duel, pluriel et collectif pour les neutres). Le
grec moderne n'utilise plus le datif, excepté dans quelques
expressions comme en taxei, mais les autres cas sont généralement
conservés.
On compte trois grands types de déclinaisons, tant
pour les noms que les adjectifs (type en -α/η, type
thématique en -ος et type athématique),
lesquels possèdent plusieurs sous-types. Les pronoms
suivent un système qui leur est propre et qui, ayant
influencé les types nominaux, n'en sont pas très éloignés.
La richesse de la flexion nominale en fait la complexité.
Système verbal
L'article complet se trouve dans Conjugaisons du grec ancien.
Les verbes ont trois voix (active, moyenne et passive), trois
personnes et trois nombres. Il se conjugue selon six modes,
quatre personnels (indicatif, impératif, subjonctif
et optatif) et deux impersonnels (infinitif et participe).
Il existe six temps (présent, imparfait, aoriste, futur,
parfait, plus-que-parfait), répartis de manière
inégale entre les modes. Certaines formations secondaires
existent, comme le futur antérieur.
Outre le temps, le verbe exprime surtout, de manière
très précise, trois aspects (imperfectif, aspect
zéro et statique) et plusieurs modes de procès
(inchoatif, itératif, fréquentatif, etc.). Seul
l'indicatif marque les temps : à tous les autres modes,
ce n'est que l'aspect qui est indiqué.
Il existe deux grandes catégories de conjugaisons
: les thématiques (ou verbes en -ω) et les athématiques
(dits verbes en -μι). Ces catégories se divisent
en un grand nombre de sous-catégories. Le système
verbal est très complexe car la flexion met en œuvre
de nombreux procédés comme l'alternance vocalique,
la suffixation par le jeu de désinences, l'utilisation
d'une voyelle thématique, celle de l'augment et du redoublement. À tous
ces procédés s'ajoutent des modifications phonétiques
importantes au sein d'un même paradigme.
En sorte, il n'est presque pas exagéré de dire
qu'il existe plus de verbes irréguliers que de réguliers.
Influence du grec ancien sur les langues modernes
Mots savants et radicaux grecs
Un grand nombre de mots en latin, français et anglais,
pour ne citer que ces langues, sont d'origine grecque et la
majorité des néologismes savants utilisés
de par le monde est bâtie sur des radicaux grecs (souvent
mêlés de radicaux latins). Seuls quelques langues,
comme l'islandais de manière systématique et,
dans une moindre part, l'allemand, n'utilisent pas ces radicaux
mais traduisent par calque les termes savants grecs au moyen
de radicaux qui leur sont propres.
Mots courants
Des mots comme boutique, caractère ou beurre viennent
aussi du grec. Passés par le latin et hérités
comme tel dans la langue française (via d'autres langues,
comme l'occitan), ils ont subi les mêmes modifications
phonétiques que les autres mots hérités
et sont maintenant très éloignés de leur étymon
grec : il faut reconnaître derrière chacun d'entre
eux ἀποθήκη apothếkê, χαρακτήρ kharaktếr
et βούτυρον boúturon.
Le dédale synchrone du cosmos politique
Voici, pour illustrer l'omniprésence du grec dans
les langues occidentales, un extrait d'un texte de Xénophon
Zolotas (Ξενοφών Ζολώτας)
dans lequel chaque mot (hormis les mots-outils) est d'origine
grecque :
« Sans apostropher ma rhétorique dans l’emphase
et la pléthore, j’analyserai elliptiquement, sans
nul gallicisme, le dédale synchrone du cosmos politique
caractérisé par des syndromes de crise paralysant
l’organisation systématique de notre économie.
Nous sommes périodiquement sceptiques et neurasthéniques
devant ces paroxysmes périphrasiques, cette boulimie des
démagogues, ces hyperboles, ces paradoxes hypocrites et
cyniques qui symbolisent une démocratie anachronique et
chaotique. Les phénomènes fantastiques qu’on
nous prophétise pour l’époque astronomique
détrôneront les programmes rachitiques, hybrides
et sporadiques de notre cycle atomique.
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